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Collection Philosophie

Fragments

Image de couvertureIntroduction de Theodor Gomperz
Traduction de Paul Tannery
Suivi de LA VIE D’HÉRACLITE par Diogène Laërce

L’étendue du regard qu’Héraclite jette sur la multiplicité des choses, la largeur de l’horizon intellectuel qu’il embrasse ont confondu de nombreuses générations, y compris la nôtre. Car la faculté qu’il a de voir les choses de haut et de loin a pour effet de nous réconcilier avec les imperfections de la nature aussi bien qu’avec les duretés du développement historique. Elle nous fait voir le remède à côté du mal, l’antidote à côté du poison; elle nous apprend à reconnaître dans le conflit une harmonie sous-jacente; dans la laideur et la méchanceté des termes de transition indispensables, des étapes sur le chemin de la beauté et de la bonté. Elle nous amène à juger avec indulgence les lois de l’Univers et les événements historiques.

Cette tournure d’esprit a aussi pour effet d’empêcher la formation de jugements tranchants par leur partialité. La mobilité et la souplesse de la pensée poussées au plus haut degré sont essentiellement contraires à l’immutabilité des institutions. L’Héraclitéisme est conservateur, parce que, dans toutes les négations, il discerne l’élément positif; il est radicalement révolutionnaire, parce que, dans toutes les affirmations, il découvre l’élément négatif. Il ne connaît rien d’absolu, ni dans le bien, ni dans le mal. C’est pourquoi il ne peut rien rejeter absolument, mais rien admettre non plus sans restriction. La relativité de ses jugements lui inspire la justesse de ses appréciations historiques; mais elle l’empêche aussi de considérer comme définitive n’importe quelle institution existante.

Héraclite naquit à Éphèse dans la seconde moitié du VIe siècle, vers 544-441 av. J.-C. Selon Diogène Laërce, il avait quarante ans dans la 69e Olympiade, soit -504 -501. D’après Aristote, il serait mort à l’âge de 60 ans, vers -480.

 

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