Les contes populaires de l'Egypte ancienne
TRADUITS ET COMMENTÉS PAR GASTON MASPERO
Lorsque M. de Rougé découvrit en 1852 un conte d’époque pharaonique analogue aux récits des Mille et une Nuits, la surprise en fut grande, même chez les savants qui croyaient le mieux connaître l’Égypte ancienne. Il demeura unique de son espèce pendant douze ans.
En 1864, le hasard des fouilles illicites ramena au jour un conte plus étrange encore que celui des deux Frères. Le héros s’appelle Satni-Khâmoîs et il se débat contre une bande de momies parlantes, de sorcières, de magiciens, d’êtres ambigus dont on se demande s’ils sont morts ou vivants. Depuis lors, les découvertes se sont succédées sans interruption.
En 1874, Goodwin, furetant au hasard dans la collection Harris que le Musée Britannique venait d’acquérir, mit la main sur les Aventures du prince prédestiné, et sur le dénouement d’un récit auquel il attribua une valeur historique, en dépit d’une ressemblance évidente avec certains des faits et gestes d’Ali Baba.
Quelques semaines après, Chabas signalait à Turin ce qu’il pensait être les membres disjoints d’une sorte de rapsodie licencieuse, et à Boulaq les restes d’une légende d’amour. Golénicheff déchiffra ensuite, à Saint-Pétersbourg, trois nouvelles dont le texte est inédit en partie jusqu’à présent. Puis Erman publia un long récit sur Chéops et les magiciens, dont le manuscrit, après avoir appartenu à Lepsius, est aujourd’hui au musée de Berlin.
Krall rajusta patiemment les morceaux d’une Emprise de la Cuirasse; Griffith tira des réserves du Musée Britannique un deuxième épisode du cycle de Satni-Khâmoîs, et Spiegelberg acquit pour l’Université de Strasbourg une version thébaine de la chronique du roi Pétoubastis.
Enfin, on a signalé, dans un papyrus de Berlin, le début d’un roman fantastique trop mutilé pour qu’on en devine sûrement le sujet, et sur plusieurs ostraca dispersés dans les musées de l’Europe les débris d’une histoire de revenants. Ajoutez que certaines œuvres considérées au début comme des documents sérieux, les Mémoires de Sinouhît, les Plaintes du fellah, les négociations entre le roi Apôpi et le roi Saqnounrîya, la Stèle de la princesse de Bakhtan, le Voyage d’Ounamounou, sont en réalité des œuvres d’imagination pure.
Même après vingt siècles de ruines et d’oubli, l’Égypte possède encore presque autant de contes que de poèmes lyriques ou d’hymnes adressés à la divinité.
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