L'immortalité de l'âme chez les juifs
Traduit de l’allemand et précédé d’une introduction par Isidore Cahen — Paris, 1857
À supposer qu’une société puisse subsister sans croire à l’immoralité de l’âme, son organisation n’en serait pas moins imparfaite et incapable de perfectionnement ultérieur. Sans la croyance à une vie future, l’homme regarde la vie terrestre comme son bien suprême; toutes ses actions ont l’égoïsme comme point de départ et comme but; quelle raison peut-il avoir alors de sacrifier sa vie ou même son intérêt à la vertu, à la justice, à la société?
Quel frein le détournera de se soustraire aux devoirs moraux ou civiques, surtout qu’il se croira sûr d’échapper aux lois politiques? La crainte de Dieu agira peu sur lui, et la brièveté de la vie humaine ne nous permet d’entretenir que des rapports très lointains avec Dieu, et l’expérience nous enseigne assez que le sort de ceux qu’on appelle malhonnêtes gens et mauvais citoyens n’est pas le pire de tous.
Si la doctrine de l’immortalité de l’âme a tant d’influence sur la vie de l’individu et sur le développement de la société, la manière même dont on la comprend et l’idée qu’on s’en fait n’en ont pas moins. Quelle différence n’y a-t-il pas, par exemple, entre la vie d’un homme qui se croit sûr de l’immortalité et du bonheur à venir, à la seule condition d’articuler quelques mots, et la vie de celui qui se croit soumis à une obligation, pour subir ensuite en tremblant un rigoureux jugement divin? Avec quels sentiments différents l’un et l’autre ne rendront-ils pas le dernier soupir!
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