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Contes des marins

Image de couverture«La plupart des soixante contes dont se compose le présent volume ont été recueillis à l’Isle en Saint-Cast (Côtes-du-Nord), pendant les deux étés que j’y ai passés. Ce village perché sur une falaise pittoresque, tout près d’une des plus belles plages de la Manche, n’est habité que par des marins et des pêcheurs. Le havre qui est au pied abrite une cinquantaine de bateaux; mais pendant la belle saison, presque tous les hommes valides vont pêcher la morue sur les bancs de Terre-Neuve; quelques-uns, mais en petit nombre, vont en Islande; d’autres voyagent au long cours, et tous ont fait leur service à bord des bâtiments de l’État.

C’est une population qui vit de la mer, et sur le littoral de la Manche bretonne, il n’y a que Cancale et Saint-Jacut qui présentent une réunion de marins égale ou supérieure à celle de l’Isle, de Saint-Cast et des deux villages qui en sont comme les faubourgs.

Les marins qui vont à la pêche de la morue au Banc ou à Saint-Pierre de Miquelon (sic) sont engagés par les capitaines du pays, et vont s’embarquer à Saint-Malo, Saint-Servan ou Granville, sur les navires à bord desquels ils passeront toute la saison.

Mais d’autres s’embarquent comme passagers sur les bricks et les goélettes de Saint-Malo ou de Granville et ce n’est qu’à leur arrivée à Saint-Pierre qu’ils sont formés en équipages. Certains de ces navires transportent parfois une centaine de matelots. Le prix du passage n’est pas très élevé, mais l’installation des marins est des plus primitives. C’est dans la cale qu’ils passent, couchés auprès de leurs coffres, les trois à quatre semaines que dure la traversée.

Ils ne sont point occupés aux travaux du bord, l’équipage spécial du navire étant suffisant pour la manœuvre : aussi ils s’ennuient, et pour que le temps leur paraisse moins long, ils se font dire par les matelots-conteurs (il s’en trouve toujours plusieurs) des récits merveilleux, des aventures diaboliques ou des histoires grasses.» (Paul Sébillot)

Cet ouvrage a été publié pour la première fois en 1882. La présente édition a été enrichie de notes sur le vocabulaire gallo et la terminologie marine par Olivier Eudes.

 

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