La comtesse Cathleen (The Countess Cathleen)
Traduction par Michel Borel
«Il apparut dans la vieille Irlande deux marchands inconnus dont personne n’avait ouï parler. Leurs cheveux étaient noirs et ferrés avec de l’or et leurs robes d’une grande magnificence. Ils paraissaient être des hommes de cinquante ans.
À cette époque l’Irlande était pauvre. Les indigents ne savaient à quelle sainte se vouer, et la misère devenait de plus en plus terrible. Dans l’hôtellerie où descendirent les marchands fastueux, on chercha à pénétrer leurs desseins : mais ce fut en vain. Et pendant qu’ils demeurèrent dans l’hôtellerie, ils ne cessèrent de compter et de recompter des sacs de pièces d’or, dont la vive clarté s’apercevait à travers les vitres du logis.
Gentlemen, leur dit l’hôtesse, d’où vient que vous êtes si opulents, et que, venus pour secourir la misère publique, vous ne fassiez pas de bonnes œuvres?
— Belle hôtesse, répondit l’un d’eux, nous n’avons pas voulu aller au-devant d’infortunes honorables, dans la crainte d’être trompés par des misères fictives : que la douleur frappe à la porte, nous ouvrirons. Le lendemain, quand on sut qu’il existait deux opulents étrangers prêts à prodiguer l’or, la foule assiégea leur logis ; mais les figures des gens qui en sortaient étaient bien diverses. Les uns avaient la fierté dans le regard, les autres portaient la honte au front…»
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