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L'homme à la peau de léopard

Image de couverture «Cette légende persane, telle une perle solitaire dans le creux de la main, je l’ai trouvée et mise en vers». (Chota Roustavéli)

On ne sait pas grand-chose de la vie de Chota Roustavéli (Shota Rustaveli), sinon qu’il se nomme lui-même «un certain Meskhi, poète, originaire de Roustavi». La Meskhetie est une province de Géorgie, Roustavi un village de cette province, et Roustavéli, l’habitant de Roustavi. Il a été plus disert sur ses sentiments puisqu’il nous a confié qu’il aimait, «celle dont la volonté suprême (commandait) aux armées». C’était Thamar, fille du roi Georges III, qui fut proclamée reine de Géorgie en 1184. Il implore: «Que la grâce et la beauté de celle qui m’a rendu fou me pardonnent ma folie!».



Le poète aurait-il osé faire allusion à cet amour, s’il n’avait pas été réel? La reine semble être restée insensible. «Mes yeux éblouis par Elle désirent-ils encore la vue? O mon cœur! Dans ta misère il ne te reste plus qu’à fuir le monde. Pitié! Cela suffit; ma chair est tout en flammes! Qu’Elle accorde du moins, la joie à mon âme!»

Fin du XIIe siècle, début du XIIIe, Roustavéli est le contemporain géorgien de Bernard de Ventadour, Bertran de Born, Wolfram von Eschenbach et Chrétien de Troyes. L’argument de L’homme à la peau de léopard (titre que l’on traduit aussi par Le chevalier à la peau de tigre) est très chevaleresque: pour plaire à celle qu’il aime, Avthandil découvre l’homme «à la peau de léopard» qui lui raconte son histoire. Il s’appelle Tariel et fait partie de la famille royale qui règne sur les Indes. Il aimait la fille de son roi, la belle Nestane, qui fut un jour mystérieusement enlevée.

Tariel s’est alors lancé à la recherche de la princesse, sans pouvoir jamais découvrir la trace de son passage. Ayant ainsi vainement parcouru le monde, il vit seul, dans le désert, avec son désespoir. Avthandil, profondément ému par la tragique destinée de Tariel, lui propose de l’aider à retrouver sa bien-aimée. Le sujet chevaleresque est traité avec un lyrisme enflammé qui laisse soupçonner que la quête d’Avthandil et celle de Tariel doivent entendues dans un sens mystique.

«Jamais l’inspiration d’un poète n’a été aussi vaste, compréhensive, vive et tumultueuse. Elle atteint une telle amplitude qu’il semble que tout l’univers va se précipiter en elle et y devenir chaos. Mais le souffle créateur d’un grand poète discipline ce chaos et le coule dans le moule le plus parfait que la langue géorgienne ait jamais connu. La lyre d’Apollon recueille des mélodies, les scande, leur donne forme, solidité et vie. Les images se succèdent, l’horizon s’élargit et le tableau se déroule pour embrasser toute la terre parcourue par les feux du soleil.» (Georges Gvazava)

On donne ici le texte de la première publication en langue française du chef-d’œuvre de Chota Roustaveli, par Georges Gvazava et Annie Marcel Paon.

 

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