Chansons de carnaval
«La Renaissance n’a pas inventé le carnaval; on ne saurait même imaginer qu’elle ait ajouté beaucoup à la courte et folle débauche de ce temps joyeux: la foule dansait depuis longtemps à la veille du Carême, l’Église, bon gré mal gré, fermant les yeux sur ces excès, quand les esthètes florentins s’employèrent à donner une forme nouvelle aux réjouissances traditionnelles » en les transformant en une grande fête mythologique et satirique.
C’est ainsi que l’on vit paraître à côté des chars populaires traditionnels, (les carri), les triomphes (triomphi) comme celui des «Sept planètes» ou celui de «Bacchus et Ariane. Le vif refrain impatient de la chanson de Bacchus, les équivoques des villageoises, l’infâme grossièreté des marchands de civette – la plus sale des chansons connues – sont les variantes d’une même exaltation. Dans ces créations de circonstances, c’est la violente sensualité et l’érotisme insatiable du Florentin qui s’expriment sans réticence.
«Sous la main de Laurent, les Chansons de Carnaval deviennent (…) une apothéose du désir et de l’excitation sensuelle.» (André Chastel)
Tyran florentin (1449-1492), célèbre pour son mécénat et son art de truquer les urnes, Laurent Médicis survécut à plusieurs conjurations républicaines dont celle des Pazzi, Salviati et Cambi (1478). Une réputation d’«insupportable grossièreté» valut à ses Chansons de Carnaval d’attendre cinq siècles une première traduction en français.
Celle-ci, qui date de 1947, est due à la plume d’André Chastel.
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