logonew
logonew

La sorcière

Image de couvertureL’Europe a vécu durant des millénaires d’une haute pensée mystique, elle-même descendue d’autres âges, consacrée au Dieu Cornu et à l’exaltation du principe féminin. Je tiens pour évident que cette spiritualité originelle a été balayée avec violence, dans le feu et dans le sang, par une religion étrangère venue d’Orient: le christianisme.

Le Dieu Cornu, protecteur de l’antique humanité de l’Ouest fut appelé Diable et maudit. Les idoles immémoriales furent abattues, et avec elles il fallut détruire leur support: la femme mère, la femme déesse, la femme femelle, la vraie femme. De beaux esprits d’aujourd’hui dénoncent les méfaits du colonialisme récent: les Indiens effacés, les mages de l’Afrique éteints, les civilisations noires martyrisées. Que ne nous parle-t-on de nos anciens totems, à nous, qui furent renversés! De notre Dieu, à nous, qui fut avili et pourchassé! De nos prêtresses, à nous, qui furent exterminées! De notre femelle qui nous fut retirée!

La vieille Europe, elle aussi, a été colonisée et défigurée. Oui, Messieurs, j’ose dire cela. Du point de vue purement anthropologique où je me place, l’histoire de l’Église chrétienne est l’histoire d’une guerre menée par l’étranger contre un culte indigène très ancien, très puissant, très profondément enraciné, et d’un crime réussi contre la race humaine femelle tout entière.

Nous avons perdu notre moitié, Messieurs. On nous l’a tuée. Voyons ce crime. Extermination physique sur les bûchers: j’évoquerai les centaines de milliers de vraies femmes, nommées sorcières et brûlées comme telles, et les millions d’autres femmes vaincues et changées par la peur.

Je vous renvoie au Michelet visionnaire de La Sorcière, livre admirable et incompris. Extermination par la propagande, arme plus sûre que toutes autres, nous le savons maintenant, et plus efficace à l’époque que l’estrapade, les brodequins et la chemise soufrée. Guerre révolutionnaire menée par la Chevalerie contre la femme vraie au profit d’une nouvelle idole. (Louis Pauwels)

 

TÉLÉCHARGEZ PDF