Ecce homo
Lorsque l’âme humaine, soit par l’essor qu’elle peut se donner, soit gratuitement, est élevée jusqu’au sentiment intime de l’être universel qui embrasse tout, qui produit tout, enfin jusqu’au sentiment de cet être inconnu que nous appelons Dieu, elle ne cherche pas plus que dans la découverte des axiomes partiels à se rendre compte de cette vérité totale qui la subjugue, ni de la vive jouissance qu’elle lui procure; elle sent que ce grand être ou ce grand axiome est par lui-même, et qu’il y a impossibilité qu’il ne soit pas.
Elle sent également en elle dans ce contact divin, la réalité de sa propre vie pensante et immortelle. Elle n’a plus besoin de se questionner sur Dieu ni sur elle-même; et dans la sainte et profonde affection qu’elle éprouve, elle se dit avec autant de ravissement que de sécurité: Dieu et l’homme sont des êtres vrais qui peuvent se connaître dans la même lumière, et s’aimer dans le même amour.
Comment a-t-elle le sentiment certain de ces immuables vérités? Par la même loi qui a manifesté à sa conception la certitude des axiomes partiels: c’est-à-dire, qu’elle sent l’existence inattaquable du principe de son être et la sienne propre, par la convenance et les rapports qui se trouvent entre eux. Car sans cela la conviction de l’existence de ces deux êtres ne pourrait ni nous frapper, ni se fixer en nous; et si ce feu divin ne rencontrait en notre âme une puissante analogie, il nous traverserait sans nous laisser de lui aucune trace, ni aucun sentiment. (Saint-Martin)
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