Retour dans l'Awen
J’apprends à l’instant le départ pour le grand monde blanc d’un ami très cher et d’un auteur que nous publions, Alain Bocher. Alain était un conteur-né, et je me souviens d’une promenade en Brocéliande dans le Val sans Retour qu’ils nous avait fait visiter dans le «bon» sens. Le sens inverse de celui que tous les touristes empruntent, c’est-à-dire depuis le haut. Nous nous étions alors vus guidés dans un parcours initiatique à l’instar des chevaliers de l’époque partis à la conquête de leur Belle. En chemin, il fallait surmonter les obstacles, combattre les dragons, acquérir la sagesse. Pour cela, nous avions tiré chacun notre rune et Alain en avait décodé la signification pour nous.
Les elfes et les fées furent de la partie, une pomme coupée était magiquement apparue sur un petit pont au moment où il était nécessaire que nous reprenions des forces. Il était ainsi capable de nous faire croire que nous étions vraiment affamés. Puis, nous étions arrivés en fin de parcours devant l’arbre recouvert d’or. C’est suite à cette balade que notre maison d’édition a été baptisée l’Arbre d’Or.
Alain était druide et un excellent barde. Il a su transmettre la tradition celtique — ce qu’il en reste — dans ses écrits, et je suis très fière de le publier. Il était également un grand tarologue et avait sur les Lames une vision décalée inédite. Il avait un foutu caractère, mais une belle lumière.
Puisses-tu, cher Alain, goûter au repos divin que tu as bien mérité et merci d'avoir été des nôtres avec tant de cœur.
Alain Bocher de Trégor était son patronyme complet et celui sous lequel il a publié son oeuvre de barde.