La connaissance : un outil
Prenez un outil. Un marteau, un tournevis, une tronçonneuse… Vous pouvez utiliser cet outil à votre convenance et, par exemple, construire votre maison ou détruire, tuer, massacrer, n'est-ce pas? Peu importe de quelle façon vous l'utilisez, convenez avec moi que le résultat final ne sera pas imputable à l'outil, mais bel et bien à celui qui en a tenu le manche. Jamais le marteau n'est remercié pour avoir construit une belle maison.
J'ai reçu un jour un mail rageur d'une internaute réagissant à la newsletter de l'Arbre d'or annonçant une nouveauté dans la collection franc-maçonnerie. En une phrase cinglante, en majuscules et en gras, elle demandait à ne plus recevoir de "rebut diabolique", pour le dire un peu plus élégamment qu'elle. À l'instar de cette chroniqueuse récemment entendue à la télévision qui critiquait sans vergogne un livre qu'elle admettait dédaigneusement n'avoir pas lu, il est a peu près certain que cette internaute rageuse n'était pas instruite de la connaissance franc-maçonne.
Ainsi procède-t-on de nos jours: un coup d'oeil sur une couverture, une interprétation du titre, une lecture rapide de la 4e de couverture et une opinion est faite à l'emporte-pièce. «Bien» ou «mal». On jette le bébé avec l'eau du bain, on répète ce que dit le voisin; ainsi certains condamnent-ils la franc-maçonnerie pour ce qu'ils croient savoir des agissements secrets de certaines loges. Ce n'est pas la franc-maçonnerie qui est éventuellement coupable de malversations, ce sont certains francs-maçons. L'outil n'y est pour rien, rappelez-vous.
La connaissance n'est ni bonne ni mauvaise, la connaissance est un outil. Mon propos n'est pas ici de faire l'apologie de la franc-maçonnerie dont je vais avouer d'emblée n'en connaître que très peu. Ces ouvrages ne sont pas des romans à lire, mais des textes à étudier. Je me suis seulement un peu intéressée à savoir d'où venait cette connaissance pour me rendre compte que, comme pour toutes les traditions, son origine remonte à la nuit des temps. Une théorie prétend que la tradition de notre terroir, dont fait partie la franc-maçonnerie, remonterait aux premiers Chrétiens, serait issue de la tradition de l'Egypte ancienne et remonterait encore avant cela …aux Atlantes. Conjectures. On sait qu'à un moment, la tradition s'est enracinée en terre celte, qui a donné le druidisme. Une tradition transmise oralement de bouche de druide à oreille de druide, Goscinny avait raison.
À un moment, le mouvement semble s'être scindé, les compagnons maçons scellant les connaissances dans la pierre tandis que le verbe du druide se perdait dans le silence entre les arbres. À moins que… Persécutés, les descendants des druides seraient devenus moines copistes, cachant la connaissance entre les lignes d'écrits chrétiens. Pas totalement inconcevable et bien dans l'esprit gaulois! Les Rose-Croix, puis les maçons créèrent des loges secrètes pour conserver la connaissance. La tradition chamanique européenne fut remplacée par le christianisme, Bélénos remplacé par Jésus, les vierges noires (une représentation d'Isis?) drapées du même bleu que Marie.
En supposant que tout cela soit un tant soit peu un reflet de la réalité, alors nous disposons chez nous d'un savoir riche mais encore caché, en tous cas, encodé. Ce que les âmes contemporaines recherchent dans la tradition amérindienne ou en Inde, dans l'ayur-véda, ou encore dans le fatras new age se trouve peut-être crypté dans nos textes alchimiques. Notre soif spirituelle pourrait bien être étanchée aux sources de chez nous que les Gaulois vénéraient. Je parle des vraies sources, des vouivres, dont ils avaient le culte.
Tout cela pour dire qu'au lieu de condamner un livre pour sa couverture et son résumé, il est plus utile de le lire et de l'étudier. C'est pourquoi nous publions, entre autres, de la franc-maçonnerie et de l'alchimie, parce que nous pensons que ces ouvrages contiennent une connaissance universelle.La chroniqueuse de l'autre jour m'a agacée. J'avais envie de signaler que, fort heureusement, il existe beaucoup de gens qui utilisent leur cerveau pour penser et cultiver leur âme, des gens qui savent ne pas accuser le marteau de la maladresse de l'ouvrier. Ils ne passent pas à la télé, c'est pourquoi je les salue ici.