logonew
logonew

Le combat de Plogoff

Image de couverture«Cette fois, c’était la Grand-Messe, et dès trois heures de l’après-midi, Grand-Messe chantée, jouée avec acteurs et clowns, et les rats crevés qui venaient s’écraser dans les rangs des guerriers avec un bruit mou et provoquaient leur recul. Grand-Messe récitée en poèmes d’amour et de douleur, mots de passion pour cette terre passionnément aimée.

Pour défendre quatre arpents de lande rase, de falaises écorchées vives, pour ce ciel d’un bleu changeant où filaient des nuages sous le vent, et ces maisons basses et blanches au péril de la tempête, et la Beauté du Monde, et la Vie et la Liberté, un peuple sans armes faisait appel du Pouvoir oppresseur à la puissance des dieux d’Armor, par le verbe, l’incantation, la malédiction, avec son goût et son art inné du théâtre, de l’humour, de la révolte.

Le dernier chant lancé à la face des Légions de César fut le Bro Gozh ma Zadou, le Vieux Pays de mes Pères, affirmation indestructible de la nationalité bretonne, et jamais ses paroles ne m’avaient frappé avec la violence d’aujourd’hui :

Tra ma vo mer ‘vel mur ‘n he zro
Ra vezo digabestr ma brox.
Tant que la mer sera comme un mur autour de lui,
Puisses-tu être libre mon Pays !

Ici, tournés vers l’est, nous avions la mer à notre droite, toute proche derrière la chapelle Notre-Dame de Bon Voyage, amer sacré des cartes marines, la mer à notre gauche au-delà du vallon et de la crête de Cleden et la mer dans notre dos; à 6 km, les courants fantastiques du Raz de Sein, et derrière l’île des Légendes, la Chaussée jusqu’à Ar Men, la Pierre où un phare jette les derniers feux de l’occident.

— Ils avaient des pierres dans leur poche quand on les a arrêtés.
— Non, Monsieur le Président, il n’y a pas de pierres à Plogoff. Il n’y a que des pierres symboliques. Mais quel symbole!»

 

TÉLÉCHARGEZ PDF