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Les mystères de Mithra

Image de couvertureSECONDE ÉDITION — 1902

On le vit, au début de notre ère, surgir brusquement de l’ombre et s’avancer simultanément dans les vallées du Danube et du Rhin et jusqu’au cœur de l’Italie. Les peuples d’Occident sentirent fortement la supériorité de la foi mazdéenne sur leurs vieilles pratiques nationales, et les foules accoururent vers les autels du dieu exotique.

Mais les progrès du conquérant furent arrêtés lorsqu’il prit contact avec le christianisme. Les deux adversaires reconnurent avec étonnement les similitudes qui les rapprochaient, sans en apercevoir l’origine, et ils accusèrent l’Esprit de mensonge d’avoir voulu parodier la sainteté de leurs rites. Le conflit entre eux était inévitable, duel ardent, implacable, car son enjeu était la domination du monde.

Personne ne nous en a raconté les péripéties, et notre imagination seule se représente les drames ignorés qui agitèrent l’âme des multitudes, alors qu’elles hésitaient entre Ormuzd et la Trinité. Nous ne connaissons que le résultat de la lutte : le mithriacisme fut vaincu, et sans doute il devait l’être.

Son échec n’est pas dû uniquement à la supériorité de la morale évangélique ou de la doctrine apostolique sur l’enseignement des mystères; il n’a pas péri seulement parce qu’il était encombré par l’héritage onéreux d’un passé suranné, mais aussi parce que sa liturgie et sa théologie étaient restées trop asiatiques pour que l’esprit latin les accueillît sans répugnance.

Pour une raison inverse, la même guerre, engagée à la même époque dans l’Iran entre les deux rivaux resta pour les chrétiens sans succès, sinon sans honneur, et, dans les états des Sassanides, le zoroastrisme ne se laissa jamais sérieusement entamer.

Leurs conceptions du monde et de la destinée de l’homme étaient similaires : ils admettaient les uns et les autres l’existence d’un ciel des bienheureux situé dans les régions supérieures et d’un enfer peuplé de démons, contenu dans les profondeurs de la terre; ils plaçaient aux origines de l’histoire un déluge; ils donnaient comme source à leurs traditions une révélation primitive; ils croyaient enfin à l’immortalité de l’âme, au jugement dernier et à la résurrection des morts dans la conflagration finale de l’univers.

 

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